Rocade Est : les camionneurs craignent la saturation
Contraints d'emprunter la rocade Est dès le 15 février pour éviter le tunnel de Fourvière, les routiers redoutent les bouchons à répétition
Direction Marseille. « Fredo » s'apprête à reprendre le volant de son 40 tonnes garé sur l'aire de Communay nord. Juste à côté d'un collègue des pays de l'Est dont le gros bahut est immatriculé en Belgique. Comme tous les mardis, ce chauffeur routier traverse la région lyonnaise par l'A 46 en provenance de Mulhouse.
« L'entrée de Lyon, c'est un vrai bordel » soupire-t-il, « c'est déjà pas pratique de circuler mais si on nous rajoute du trafic de poids lourds avec la fermeture du tunnel de Fourvière, ça nous promet de beaux embouteillages ».
Son autre bête noire, ce sont les routiers des pays de l'Est. « Ils refusent de passer par l'Allemagne car c'est payant. Du coup, ça augmente le trafic ici. En fait, il faudrait un super-contournement de la région lyonnaise pour rejoindre l'autoroute du Sud ». Avec sa trousse de toilette entre les mains, Serge, 45 ans, propose une autre solution. « L'idéal, ce serait de faire circuler moins de camions. C'est peut être paradoxal de la part d'un chauffeur ». Mais avec son accent du Sud-Ouest, il assume cette réflexion tout en observant que la circulation sur la rocade Est n'est pas « aussi terrible qu'en région parisienne ». Arrivé la veille à Saint-Etienne depuis Tarbes à bord de son Volvo 25 tonnes, Serge patiente sur le parking avec vue sur l'A 46. « J'attends du fret que je devrais livrer dès que possible ».
Plus fataliste, Christian estime que les chauffeurs routiers comme lui subissent sans pouvoir réagir. Effectuant le trajet deux ou trois fois par semaine entre la Loire et l'Est lyonnais au volant de son semi-remorque, il connaît donc bien les bouchons de la rocade. « Il suffit du moindre accrochage et tout est bouché » constate-t-il avant d'avaler son croissant, « et avec la fermeture de Fourvière, ça ne va pas s'arranger. J'essaie de partir plus tôt le matin mais ce n'est pas toujours possible et ça dépend aussi de nos clients. Si au moins il existait un contournement par l'ouest, on n'en serait pas là. Il faut que la répartition du trafic soit plus équilibrée entre l'est et l'ouest de l'agglomération. Regardez ce qui se passe avec l'A 45 : je n'ai rien contre. Mais on sait déjà qu'elle ne servira à rien si rien n'est fait à la sortie de Pierre-Bénite qui risque d'un véritable entonnoir ».
Vincent Rocken